Banc
Pierre Gondran dit Remoux
Collection : Nuits indormies
Dimensions : hauteur : 19 cm largeur : 12,5 cm
nombre de pages : 96
Façonnage : broché imprimeur
Prix public 12 €
(Frais de port 3€)
ISBN : 978-2-493404-09-1
Présentation
Il y a sur le « banc » de Pierre Gondran dit Remoux une surprise presque un mystère.
A commencer par le titre sec, sans majuscule ni fioritures, ramassé autour de ces quatre lettres qui laissent entrevoir une écriture navigant entre sobriété et complexité.
Inutile de chercher des références, l’auteur les suggère latte après latte, dévoilant sa singulière approche poétique, adresse à la vie, à l’humain en rédemption.
Sa voix gratte de l’ongle la peinture du banc, lit, se pense banc, est le banc, prend racine à son pied tel un rhizome des songes.
Extraits
au début j’ai fait une forme
en grattant une fleur
mais une fleur couleur vieux chêne
toute ridée de lignine orpheline de sa sève
c’était triste
alors depuis je fais dans l’abstrait
enfin, une surface que j’agrandis
c’est en deçà de l’abstrait
c’est rien qu’une surface qui grandit
une chose que les fesses
des gens auraient pu faire avec le temps
c’est mon geste qui compte, je suppose
un geste minimal en crochet grattant
important car je n’ai plus que ça
les gestes
***
on a beaucoup ôté
de ma vie
il ne reste plus grand-chose
ce qui reste c’est le stérile
le non-productif
qui est en nous tous
mais qui est la seule chose
non ôtée
d’une vie qui n’a plus rien
du rationnel projeté au présent et au futur
je sens bien qu’on est parfois
réduits à notre physiologie
manger, déféquer, dormir
s’alcooliser, comater
une bête solitaire
mais on a aussi perdu ça !
quand je dépose mon corps sur mon banc
je me passe de toutes ces fonctions
mes articulations sont en position neutre
mes muscles détendus ne cherchent
même pas à lutter contre la pesanteur
pour me tenir debout
mes yeux s’ouvrent tant et tant sur ce champ
visuel réduit à un coin de square
qu’ils ne regardent plus mais voient
comme le courant passe dans un câble
pas comme le courant agit une machine à regard
je n’agis aucune machine
pas même mon corps
pas même mes organes