D'ordinaires cascades
Thierry Roquet
Collection : Nuits indormies
Dimensions : hauteur : 19 cm largeur : 12,5 cm
nombre de pages : 88
Façonnage : broché imprimeur
Parution mai 2024
Prix public 12 €
(Frais de port 3€)
ISBN : 978-2-493404-08-4
Présentation
Surprendre la poésie derrière chaque jour n’est-il pas l’observer au travers d’un prisme ?
Thierry Roquet choisit celui de la tendre dérision en cascadeur du quotidien. Il n’en est pas à son coup d’essai, il récidive, ausculte l’air de rien nos dégringolades, nos rebonds, en fait des tirades à sortir indemne du pire des faux-pas.
Page après page, il nous démontre que le plus important est dans le regard qui scrute ces « choses qu’on peut choisir de ne pas ignorer » et qu’en fin de compte c’est bien la maîtrise de l’art de la chute qui nous sauve.
Lire le début
Extraits
L’autre jour, je lisais un poème de Pessoa.
Un beau poème.
Une phrase m’est restée en tête.
Une phrase sortie du lot.
Jusqu’à me faire oublier le reste du poème.
Un beau poème.
C’est souvent comme ça dans la vie.
J’avais sur moi mes vieux habits.
Ceux qui se portent sur des ancrages obsessionnels.
Une phrase m’est restée en tête.
Je n’y penserai bientôt plus.
Sans doute penserai-je à autre chose.
À quelque chose qui n’a strictement rien à voir.
C’est souvent comme ça dans la vie.
Cette fausse permanence des choses ordinaires.
Les fresques sont labiles.
***
Je compte dans ma tête
les gens qui traînent des pieds
Les hommes capuche les femmes vêtues de rouge
Je compte dans ma tête
les chiens savants les restes du dernier repas
les araignées qui grimpent
tous les oiseaux éparpillés
Je compte dans ma tête
les soirs de lune qui font bouquet fané
les mégots de passage
les vieux trottoirs dont les poumons s’encrassent
les filantes sirènes au loin
Je compte dans ma tête
les poubelles aux immeubles et les rideaux tombés
les ombres qui dépassent
les cheminées qui fument sur le tard
Je compte dans ma tête
les filets de détresse qu’on ravale en cachette
les bras les émotions les mots qui se retiennent
je compte l’infini jusqu’à
ce que j’oublie
– avant d’aller pisser – une fois de plus
Je regarde au plafond et puis je recommence